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My Broke Aunt : quand café rime avec chiner !

Le 04/11/2025

Ouvert depuis le 19 juillet 2023, "My Broke Aunt" s’impose comme une adresse singulière au cœur du quartier d’Henriville, à Amiens. Niché sur la place de l’église Saint-Martin, ce café-brocante au charme chaleureux reflète la personnalité de sa fondatrice, Linda Avierino, qui a imaginé un lieu convivial et à son image.

Le déclic d’un nouveau départ

Au 1 rue Alexandre à Amiens, un petit lieu coloré attire les passants avec ses effluves de café fraîchement moulu et des pâtisseries tout juste sorties du four. Derrière ce lieu plein de charme se trouve Linda Avierino, gérante suédoise et fondatrice du café "My Broke Aunt". Avant de se lancer dans cette aventure, elle a passé 21 ans au sein de la maison Louis Vuitton, occupant divers postes en France et à l’international. Ce milieu, dynamique et axé sur la performance, l’a longtemps stimulée. Mais un voyage en Thaïlande, peu avant le Covid, lui a ouvert les yeux : "C’est à ce moment que j’ai pris de recul sur pas mal de choses et j’ai senti à mon retour que cette course à la performance, aux objectifs commençait à m’étouffer."

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La pandémie a confirmé ce besoin de changement. Fraîchement installée à Amiens, elle découvre un local coup de cœur : "J’avais vu ce local et je me suis dit un jour, s’il se libère, je veux en faire quelque chose. Et puis un week-end, je suis descendue à Aix, puis je suis revenue et il y avait des grosses pancartes indiquant que s’était à louer." Sans plan précis, elle se lance. Formation à la Chambre de commerce, élaboration des plans, budgets, aménagements… Tout est fait de ses mains : "c'est un nouveau monde qui s'est ouvert, quoi !", sourie-t-elle.

De l’ignorance à la passion : la révélation du café

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Linda avoue : "Quand j'ai commencé les projets, je ne buvais pas de café. Mais j'avais comme idée de servir le café parfait : je veux qu’il soit équilibré, que ce soit un bon café et qu'on ne puisse pas sentir que je n'en bois pas." Pour cela, elle suit une formation de barista à Paris, afin d'apprendre l’extraction parfaite d’un café. Le formateur tombe de sa chaise en apprenant qu’elle n'en boit pas. "Et puis il a réussi à me faire tomber dans la marmite, mais bien profond ! Et je me suis dit tout le monde est au courant de quelque chose, des coffee shops qui sont partout, toutes ces populations qui savaient déjà que ça existait et moi, je suis passée à côté. Du coup, j'ai découvert une autre passion en même temps" ajoute-t-elle.

Portée par l'ambition de servir un café issu du circuit court, elle travaille avec Muda, torréfacteur lillois, vice-champion de France depuis deux ans. Un artisan exigeant, respectueux du produit et des cultivateurs, qui partage sa philosophie : "C'est quelqu'un qui est très à cheval sur le bio, la torréfaction de transmettre les vraies saveurs du café, d'un vrai respect pour le produit pour ceux qui cultivent derrière, il a une vraie relation avec le cultivateur aussi." Pour Linda, l’essentiel est de faire découvrir et de transmettre la culture du café de spécialité. Au départ, la fondatrice explique que son idée était d’"évangéliser" Amiens avec cette boisson. Ayant elle-même été évangélisée, elle souhaitait "prêcher la bonne parole" à travers le café boisson, qu'elle perçoit comme un vecteur de partage et de lien.  

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Animée par la volonté de surprendre, elle poursuit sa quête du "café magique". Pour aller plus loin, elle suit une formation à Paris afin d’acquérir une maîtrise complète du processus de torréfaction. Ne trouvant pas de mentor disponible dans le Nord, elle rejoint un collectif parisien, The Beans on Fire, avec lequel elle torréfie ses premiers grains. En juillet, elle lance ainsi ses deux propres cafés. "C'est aussi pour éduquer les gens, boire un café, c'est aussi prendre du plaisir, c'est goûter, c'est déguster, c'est comme le vin, c'est comme la bière aujourd'hui c'est comme plein de choses. Et beaucoup de gens n'ont pas cette notion-là pour les cafés", explique-t-elle. Véritable métier d’artisanat, le café devient alors un moyen de transmission : "il y a un côté d'éducation, de transmission."

Un lieu d’âme et d’échange avec le goût du produit bien fait

L’endroit mêle café de spécialité, petite restauration et brocante : la fondatrice cuisine elle-même, des gâteaux aux plats du midi. Peu à peu, la demande du quartier oriente son activité. Alors qu’elle envisageait initialement un concept typiquement suédois, il y avait une vraie demande de déjeuner dans le quartier, "donc finalement, je me suis retrouvée à cuisiner aussi" explique-t-elle. Les produits viennent de circuits courts : légumes de la Maison Courtier, situé rue Saint-Fuscien, truite de l'Écaille de TAC à Péronne, fleurs fraîches livrées par À l’ombre des bleuets, que l'on peut retrouver en magasin temporaire dans les Halles d'Amiens. Elle privilégie avant tout le local : ici, pas de sodas industriels, mais des jus bio, des kombuchas et des kéfirs, "moi, je suis hyper heureuse de pouvoir trouver tout autour de moi" ajoute-t-elle.

Pas de Wi-Fi non plus, ni de musique d’ambiance ! À la place, des livres, des conversations, du silence et le cliquetis des tasses : "Je voulais aussi avoir un lieu évidemment où les gens peuvent venir parler, s'écouter, échanger, donc il n’y a pas de musique, pas de Wi-Fi. Je ne veux pas des gens qui sont derrière les écrans et qui n’échangent pas." Le café accueille ainsi des ateliers variés, organisés les dimanches : yoga du visage animé par une facialiste, ateliers créatifs, etc. Dans le même esprit, elle décide d’introduire des objets venus de Suède, certaines marques avec lesquelles elle a grandi, "du coup c'était naturel de pouvoir les avoir" selon elle : de la laine recyclée, des chaussettes en laine véritable, des produits artisanaux porteurs d’une certaine éthique de consommation.

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En effet, dans ce café, elle cherche à recréer une atmosphère chaleureuse, de proximité, tout en sensibilisant le public à la qualité et à l’origine des produits : "J’ai envie de transmettre tout ce qui est bon : par exemple les chemins des tables, c'est un tisseur suédois et ce sont les plus vieux tisseurs au monde toujours en activité. Donc, on est aussi dans la qualité, dans le savoir-faire, dans la transmission. Je trouve que c'est très important."
Le lieu est aussi une brocante vivante. Chaque meuble, chaque objet est chiné avec soin, souvent d’origine scandinave, et tout est à vendre : de la chaise au cadre, en passant par les nappes et les verres !
Elle voit d’ailleurs beaucoup de points communs entre sa ville d’adoption et le pays nordique d’origine qu’elle affectionne : « la pomme de terre, la betterave, le cochon... Et ce goût de la cuisine plus rustique. »

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Aujourd’hui, ce café brocante est devenu un véritable lieu convivial où se retrouvent amateurs de café, curieux, voisins et voyageurs. Sa philosophie est simple : prendre le temps — celui d’un bon café, d’une discussion ou d’une belle découverte !

Elise Thomas et Léandre Leber
Crédit photo : Elise Thomas — Oyez-Oyez

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