Gustave et Kirsi : Les deux nouvelles stars du Zoo d'Amiens !

Accompagnés de Nicolas Lefrique, gestionnaire de la collection animalière, nous sommes allés à la rencontre de Kirsi et Gustave, les deux jeunes girafes arrivées mercredi dernier au Zoo d’Amiens. Dès l’entrée dans l’enclos, à leur hauteur, nous sommes frappés par leur allure majestueuse. Impressionnants par leur stature, les deux girafons déambulent calmement, d’un pas fluide et plein de prestance. 

D'entrée de jeu, Nicolas nous rappelle qu’il existe quatre espèces de girafes en tout, elles-mêmes divisées en plusieurs sous-espèces. Kirsi et Gustave appartiennent toutes deux aux girafes du nord de l’Afrique, plus précisément de la zone située sous le Sahara, mais relèvent de sous-espèces différentes, ce qui se remarque à leur pelage. Gustave présente des taches brunes sur fond beige, tandis que Kirsi arbore une robe plus rousse, avec des taches orangées.

Actuellement, les deux girafes mesurent entre 3,50 et 4 mètres et devraient atteindre environ 6 mètres à l’âge adulte. Leur alimentation se compose principalement de feuilles séchées et de granulés de luzerne, complétés par des légumes comme le chou, les oignons (qu’elles apprécient particulièrement) et les carottes.

• Gustave : 
   

Premier à être arrivé au zoo, Gustave est un mâle né il y a un an et sept mois. Il provient du Zoo de La Palmyre. Il fait partie de l'espèce des girafes du Nord, et de la sous-espèce appelée "Girafe de Nubie". Son statut de conservation est présenté comme étant en danger critique. 

• Kirsi

Kirsi est lui aussi un mâle. Son nom proviendrait de Krismasi, "noël" en swahili, car il est né dans la nuit du 25 au 26 décembre. Âgé de presque deux ans, il arrive du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Lui aussi est une girafe du Nord, mais cette-fois de la sous-espèce de Kordofan, qui est, comme pour Gustave, considérée en danger critique. 

La présence de girafes au Zoo d’Amiens marque un retour après trente ans d’absence. Nicolas en explique les raisons : "L'enclos n'était plus adapté, les zoos évoluant vite, les installations n'étaient plus forcément adéquates et on n'avait pas de quoi les présenter jusqu'à maintenant."

Le choix d’accueillir deux mâles répond également à une logique. Comme l’indique Nicolas, "c'est un choix du coordinateur pour se faire un peu la main avec l'espèce, et puis passer à de la reproduction". Il ajoute : "On a un mâle pour plusieurs femelles, il y a des excédents de mâles dans la population donc il faut aussi gérer en faisant des groupes".
Bien qu'il s'agisse de deux mâles, la première cohabitation a été rassurante. Certes, les deux girafons ne se connaissaient pas auparavant, mais Kirsi et Gustave ont rapidement trouvé leurs marques. Leur arrivée au zoo a représenté un stress (au demeurant normal) lié au départ de leur parc d’origine et à la séparation de leur groupe initial. Le fait de se retrouver à deux a facilité leur adaptation. Nicolas raconte : "Ils ne se connaissaient pas avant, mais pour eux forcément de partir de leur parc d'origine, de quitter leur groupe, ça a été un stress. Donc le fait de s'être retrouvés ici tous les deux, forcément ça a créé des liens. Et l'on a très bien vu, quand on a déchargé Kirsi en deuxième, Gustave était assez stressé et dès qu'il a vu Kirsi il s'est tout de suite calmé, il a su que c'était un congénère."

Les soigneurs ont également observé des différences de tempérament entre les deux animaux. Gustave se montre calme et observateur, restant souvent à distance, tandis que Kirsi apparaît plus curieux et dynamique. Selon Nicolas, Kirsi "va plus facilement venir nous voir, il se balade un peu plus que Gustave". 

L’arrivée des girafes à cette période de l’année s’inscrit dans un calendrier précis du Zoo, permettant leur acclimatation avant l’ouverture au public, prévue le 1er février 2026. "On a un mois et demi aussi pour que les soigneurs apprennent aussi à travailler avec elles, et qu'elles se détendent", précise Nicolas à notre micro. Les conditions hivernales ne posent pas de problème particulier, les transports et les enclos étant chauffés.

Tout l'espace a été pensé pour leur bien-être. Le zoo a inauguré à cette occasion un bâtiment sur mesure de 310 m², avec une hauteur sous plafond de 8 mètres (nous vous rappellons qu'une girafe adulte mesure en moyenne 6 mètres, les deux mâles ne se cogneront donc pas la tête au plafond !). Il comprend trois loges individuelles, dont une amovible, ainsi qu’une loge commune pouvant accueillir jusqu’à quatre girafes adultes et leurs petits. À l’extérieur, un pré-parc permettra aux animaux de sortir même par temps froid ou humide, avant d’accéder à une grande savane. Celle-ci accueillera d’autres espèces, notamment des gazelles de Mhorr, des gazelles dorcas et un couple de marabouts. La cohabitation se fera progressivement, étape par étape, afin que les animaux puissent d’abord se voir et se sentir avant d’être mis en contact. Habitué à vivre uniquement avec d’autres girafes, Gustave découvrira donc ici de nouvelles espèces, tandis que Kirsi, qui cohabitait déjà avec des zèbres, se montra sûrement moins craintif.

Les visiteurs quant à eux pourront observer les girafes grâce à une baie vitrée donnant directement sur l’enclos intérieur, permettant que ce ne soit pas trop invasif pour les animaux, mais auront aussi accès à la partie savane située en extérieur. 

Le choix des girafes accueillies au zoo répond à une logique pédagogique et écologique. Nicolas explique : "nous on aimerait rester sur de la girafe de Kordofan, parce que ça reste dans notre thématique qui est pédagogique, qui est de présenter des animaux de la même zone géographique et de présenter un écosystème qui ressemble à ce qui est possible de voir dans la nature." L’objectif est, à terme, d’accueillir des femelles pour la reproduction et de conserver Kirsi sur le long terme.

La mission première du zoo reste la conservation des espèces menacées. Les sous-espèces de Kirsi et Gustave sont toutes deux classées en danger critique d’extinction. Il ne resterait qu’environ 1 400 girafes de Kordofan dans le monde, et Nicolas alerte : "Toutes à peu près au même endroit dans la nature, ce qui fait que s'il y a une maladie, ou une catastrophe climatique, la population peut disparaitre très rapidement."

Les zoos jouent ainsi un rôle essentiel en maintenant des populations génétiquement viables, avec la possibilité d’être réintroduites dans la nature. Même si pour Nicolas la liberté de l’animal dans son milieu naturel reste un idéal, il est catégorique : "L'homme est trop destructeur, et sans les zoos il y a beaucoup d'espèces qui auraient déjà disparu". Le Zoo d’Amiens a déjà participé à ce type de programme, notamment avec la réintroduction de chouettes de l’Oural en Bavière. D’autres projets sont en cours, comme l’accueil prochain de salamandres, elles aussi fortement menacées, mais par des champignons. L’objectif est de créer des populations saines dans un milieu contrôlé avant une éventuelle réintroduction.

Enfin, Nicolas insiste sur les conditions de vie offertes aux girafes : "on ne les retreint pas dans une petite zone, elles ont vraiment accès à tout, elles ont de la nourriture continuellement au cours de la journée". Espèce emblématique par excellence, la girafe devrait attirer de nombreux visiteurs. Nicolas conclut : "On s'attend à ce qu'il y ait un impact, c'est une espèce très emblématique."

Désormais bien installés dans leur nouvel environnement, Kirsi et Gustave n’attendent plus que la curiosité des visiteurs. Leur arrivée marque une étape importante pour le Zoo d’Amiens, et manifeste leur engagement en faveur de la biodiversité et de la conservation des espèces. Nous souhaitons aux girafons la bienvenue dans notre chère ville d'Amiens !

Elise Thomas et Léandre Leber
Crédit photos : Léandre Leber, Elise Thomas — Oyez Oyez