"La fête de l'ombre" au Zoo d’Amiens : un escape game pour changer de regard sur les animaux mal-aimés !

Comme à chaque fois, le point de départ du scénario repose sur un fond pédagogique de sensibilisation. L’objectif n’est pas seulement de divertir, mais aussi de faire passer un message. À partir de cette idée directrice, les équipes imaginent ensuite l’histoire, les énigmes et la mise en scène.

Cette année, la thématique se veut particulièrement « halloweenesque » : réhabiliter les animaux mal-aimés. Chauves-souris, serpents, araignées… autant d’espèces souvent victimes de peurs irrationnelles nourries par la culture populaire et les mythes occidentaux ! Le zoo a voulu dédramatiser ces appréhensions et montrer que, malgré les craintes qu’ils suscitent, ces animaux ont une place essentielle dans les écosystèmes. Une manière d’aller au-devant des phobies et d’en expliquer les origines, tout en soulignant leur importance écologique !

L’escape game se structure en une scène d’introduction, trois étapes et une résolution finale. Chaque phase aborde une thématique précise à travers des énigmes à la fois ludiques et pédagogiques. Le jeu accueille simultanément cinq groupes distincts, avec un lancement toutes les vingt minutes, garantissant un bon rythme et une expérience fluide pour tous les participants.
Côté décor, sobriété et cohérence sont de mise : seules les zones de jeu et les stands sont aménagés, afin de limiter le gaspillage de ressources et de respecter la démarche écoresponsable défendue par le zoo tout au long de l’année.

Avec un taux de revisite d’environ 30 % d’une année sur l’autre et des retours enthousiastes du public, l’événement s’impose désormais comme un rendez-vous incontournable d’Halloween à Amiens. Les pagodes installées par les équipes “Fêtes et événements” d’Amiens Métropole viennent parfaire le cadre de cette expérience immersive.

Les participants jouent par groupes de 6, avec la possibilité de former des équipes de 4 personnes selon les disponibilités. À leur arrivée, les équipes sont constituées avant le lancement de l’aventure.

L’ensemble de l’escape game est entièrement imaginé et animé par l’équipe pédagogique du zoo. Ce sont eux qui conçoivent les énigmes, les décors, les costumes et les stands. "Cela mobilise beaucoup de monde, tout le monde met un peu la main à la pâte", nous confie Julie Jet, responsable pédagogique et culturelle du zoo. Chaque médiateur développe sa propre identité et son texte, apportant ainsi une touche personnelle à l’animation !

Le jeu s’ouvre sur une mise en situation immersive, véritable scène d’introduction qui plonge aussitôt les participants dans l’ambiance. Accompagnés de Rotule, un petit rat en peluche devenu la mascotte du jeu, deux médiateurs incarnant Victor et Bréa présentent les règles, les objectifs et la thématique de cette édition.

L’histoire bascule rapidement dans le fantastique : Victor lance une malédiction sur les joueurs, les accusant de craindre ou de maltraiter les animaux mal-aimés. Pour briser le sort et retrouver leur âme, ils devront résoudre des énigmes et affronter leurs propres peurs.

Avant le départ, Bréa remet à chaque groupe un petit pochon, véritable fil conducteur de l’aventure. Ce sac leur servira à collecter des “bouts de crux” auprès de sorcières venues des quatre coins du monde, chacune étant liée à un animal spécifique. À chaque étape du jeu, les participants devront ainsi récupérer un élément clé, indispensable pour reconstituer le talisman qui leur permettra, à la fin, de lever la malédiction.

C’est à ce moment que la problématique centrale se met en place : les joueurs comprennent leur mission et sont envoyés sur le terrain.

La première étape confronte directement les joueurs à leurs propres peurs. Les bouts de crux qu’ils doivent récupérer sont enfermés dans des coffres symbolisant ces craintes enfouies. Pour les ouvrir, il leur faut identifier les peurs qu’ils représentent en observant attentivement les indices disséminés dans et autour des tonneaux.

Cette phase invite donc les participants à faire face à leurs appréhensions, tout en mobilisant leur sens de l’observation et leur esprit d’équipe pour progresser dans la quête.

Dans cette première étape, les participants doivent plonger la main dans chacun des tonneaux pour en extraire de précieux fragments. Ces morceaux leur serviront ensuite à résoudre une série d’énigmes et à rassembler les indices menant à la découverte d’un code secret.

Pour le déchiffrer, les joueurs s’appuient sur une petite histoire qui retrace un parcours formant un chiffre clé. Cette narration permet non seulement d’avancer dans le jeu, mais aussi de faire passer plusieurs messages de sensibilisation, en lien avec la thématique des peurs et de la perception des animaux mal-aimés.

À l’issue de cette première série d’épreuves, les participants remportent enfin leur premier “crux”, indispensable pour poursuivre l’aventure. Cette récompense symbolique marque la réussite de l’étape… et, dans un clin d’œil à l’univers d’Halloween, il s’agit ici d’un bout de doigt, évidemment factice !

Ce premier trophée vient concrétiser leurs efforts et les plonge un peu plus dans l’ambiance ludique du jeu.

Entre chaque étape, des flèches rouges guident les joueurs afin qu’ils ne se perdent pas et puissent gagner du temps sur le parcours. Ces flèches, installées depuis trois ans à la suite des nombreuses erreurs d’orientation des participants, constituent désormais un repère incontournable. Quelle que soit la thématique, les flèches rouges sont toujours présentes !

Lors de la deuxième étape, les joueurs sont invités à dialoguer avec le Père Rastok (et non père castor !) : selon les mots d’une des sorcières, il s’agit de "celui vers qui nous nous tournons lorsque nous avons des questions". Ce grand sage est représenté par un crâne placé dans un meuble.

Pour la décoration et une partie du mobilier, le Zoo fait appel à Les Astelles, une recyclerie amiénoise.

Dans une pièce remplie de vieux bibelots, rappelant l’atmosphère d’un manoir hanté, chaque joueur doit retrouver les bons objets (des animaux) à présenter à Père Rastok. Ce dernier leur livre alors un indice en racontant l’histoire de l’animal, tout en prodiguant au passage un petit message de prudence. Il leur communique un chiffre, et si les joueurs se trompent d’objet, il les taquine avec humour. 

À cette étape, les joueurs doivent récupérer un cerveau… qui n’est en réalité qu’un morceau de chou-fleur dans un bocal, rassurez-vous !

S'en suit la troisième étape, où les joueurs plongent dans l’univers d’un vidéoclub mêlant médiathèque et culture pop. Chaque scenette y propose un décor et une ambiance différents.

Ils sont accueillis, selon les mots de l’organisatrice, par "la sorcière moche mais sympa" et par un "Harry Potter quelque peu amoché". Leur mission : récupérer le dernier fragment de crux. Contrairement aux deux étapes précédentes, ce sont ici les sorcières qui détiennent l’objet, et les joueurs doivent leur communiquer une phrase code pour l’obtenir.

Plusieurs éléments sont bloqués : les joueurs doivent rassembler tous les DVD et reconstituer une image, ce qui leur permettra d’obtenir un code couleur.
Au fil du jeu, ils peuvent débloquer différents filtres, qu’ils appliquent ensuite sur la fresque. Chaque filtre révèle une nouvelle partie de l’histoire, accompagnée de chiffres qui apparaissent progressivement.

Une fois la phrase code découverte, les sorciers et sorcières remettent aux joueurs le dernier fragment de crux : un œil !
Maintenant tous les éléments réunis, il ne reste qu'à passer la dernière étape. 

La dernière étape marque le dénouement du jeu : c’est le moment de la résolution finale, celui qui permet aux joueurs de récupérer leur âme.

Vêtu d’un costume magnifique, Lowen, en service civique au Zoo, explique : "Nous avons fourni beaucoup de travail et pris beaucoup de plaisir à préparer Halloween. Comme nous sommes présents au quotidien, nous avons pu participer à la conception de l’escape game, à la création des décors, des objets et des costumes."

Ici, les joueurs se trouvent dans le cimetière des mal-aimés. Les tombes rendent hommage aux animaux injustement détestés : on y trouve, par exemple, une fourmi noyée ou une araignée écrasée pour avoir eu le malheur d’entrer dans une maison. 

Les différents stands du cimetière renvoient chacun à une famille animale : les rongeurs, les corvidés, les araignées, les hyménoptères (comme les abeilles ou les bourdons) et les sauriens (lézards).

Lors de la résolution finale, les joueurs disposent de leur petit pochon contenant les trois fragments de crux. Ils doivent les placer dans la bouche de la gisante. À ce moment-là, une baguette tombe : à l’intérieur se trouve un petit rouleau comportant des informations.

Grâce à ces informations, ils ouvrent un canal, trouvent une clé et découvrent un hommage dont les initiales révèlent les trois valeurs du jeu : courage, connaissance et ouverture d’esprit.

L’ensemble de ces étapes conduit les joueurs à découvrir un code leur permettant d’ouvrir un cadenas et d’obtenir un talisman en forme de pyramide.

Le jeu se conclut par une brève intervention des médiateurs, qui reviennent sur le déroulement de l’aventure, rappellent les messages essentiels et sensibilisent les participants à la thématique des animaux mal-aimés.

À la fin du jeu, les participants sont invités à répondre à un quizz et à partager leur ressenti sur l’expérience.

Pour Marion, Mathilde et Damien, joueurs réguliers de l’événement, le plaisir est au rendez-vous : "On a beaucoup aimé ! C’était notre deuxième escape game ici, on en avait déjà fait un l’an dernier, et on avait bien aimé cette idée de morale à la fin de l’histoire." Ils ajoutent : "Les décors sont beaux, et tout est fluide. En même temps on est dans le zoo donc on a le temps en passant de voir un animal ou deux !"

On l'a vu, cet escape game d’Halloween au Zoo d’Amiens parvient à allier plaisir du jeu, créativité et sensibilisation, offrant une expérience immersive qui divertit, tout en éveillant les consciences sur la place des animaux mal-aimés dans notre imaginaire collectif. 
Le défi du zoo est relevé : les participants repartent avec des souvenirs, le sourire aux lèvres... et une nouvelle sensibilité envers ces animaux mal-aimés, qu’ils apprennent à mieux comprendre et à apprécier !

Elise Thomas et Léandre Leber
Crédit photo : Théo Bégler — Les Gazettes