Martin Eberbach du souhait au “Vignoble des Vœux”

Pour le nom de ce domaine, il suffit de garder le nom du lieu-dit où réside la ferme familiale depuis 3 générations : “Les Vœux.” Non pas qu’il y ait eu des miracles, mais que ce lieu géographique est constitué de vaux. Le temps a fait le reste pour y trouver à souhait le nom du vignoble. 

À flanc de coteaux, 6 hectares sont plantés de 5600 pieds à l’hectare. On y trouve du Chardonnay, du Pinault noir et du Sauvignon. “Pour l'instant, on l'a plantée dans l'endroit stratégique, c'est le long du bois pour protéger du gel. Ce qui me plairait bien, c'est d'essayer autour de la ferme. Ce n'est pas le même sol, le long du bois c'est de l'argile à silex sur du calcaire et autour de la ferme, c'est du calcaire en bloc sec et donc ça pourrait faire des vins différents.”
 

Comme souvent, l’agriculture cherche à se diversifier, et en 2016 il a été autorisé de faire pousser des vignes dans des régions non-viticoles ! L’histoire se met en marche, d’autant qu’un oncle et une tante sont dans cette activité, mais cette fois dans l’Hérault. À cette époque, Martin souhaite reprendre la ferme familiale, elle est petite, au terrain difficile, mais : “Mon oncle, qui a grandi ici, nous a toujours dit que c'était des terres qui étaient idéales pour le vin. En fait le coteau, c'est argilo-calcaire et exposé plein sud, et c'est idéal pour mettre de la vigne.” Alors Martin quitte l’univers des machines agricoles pour celle de la terre de ses aïeux ! Cette petite ferme que les oncles ne voulaient pas deviendra son vignoble. 

Pour commencer, le viticulteur samarien a sondé le terrain et a délimité les parcelles de vignes en fonction de l’épaisseur de terre et de la teneur en calcaire. Il restait à choisir le porte-greffe puis les cépages. Mais alors pourquoi faire des bulles ? La réponse nous vient de Martin : “En fait, le pétillant c'est aussi un choix technique, pour faire des bulles on vendange à 11 degrés d'alcool, et 11 degrés d'alcool c'est plus facile à obtenir. Tous les ans, je suis sûr de pouvoir vendanger à 11 degrés, alors que pour faire du vin blanc, on vendange à 12, 12,5, et c'est plus compliqué en termes d’incertitude climatique.”
Ce choix pratique assure aussi une qualité, car il est sûr d’avoir des grains de raisin à maturité. Cela fait gagner, également, deux semaines sur la date des vendanges du blanc.

Mais il serait trop facile de résumer le choix des bulles à de la praticité. C’est avant tout un goût personnel du viticulteur. “C'est un choix de réussite. C'est être sûr d'avoir ces raisins à maturité et de faire la meilleure qualité possible. Il faut aimer son produit donc c'est aussi un choix de goût !” souligne Martin. 
De plus, il n’y a pas, dans le département, de “bulles”. On trouve au nord d’Amiens un viticulteur en blanc (La Cour de Bérénice). Pour autant dans la région des Hauts-de-France, cette culture se développe et s’organise afin d’aller vers un label. 
Martin est à l’écoute de son raisin et n'hésite pas à s’adapter à celui-ci et au climat. Une année, il a fait une cuvée “rosée”, mais pas l’année suivante en raison d’une météo et d’une vendange différente. 
 

Ce qui est sûr, c’est que le vin de Martin Ebersbach, on y revient. Après le premier étonnement d’avoir dans la Somme un vin mousseux, d’avoir fait le pas de goûter, on y revient en achetant souvent ses premières bouteilles. Avec des bulles fines, une longueur en bouche, le coup de cœur se résume dans les mots de Martin : “On achète en coup de cœur et on poursuit en bon goût”. Un belle table samarienne, dirigée par Sébastien Porquet, a déjà mis son vin à sa carte : Le saltimbanque à Eaucourt sur Somme. 

L’avenir à 30 ou 40 ans sera encore plus propice à la vigne dans la Somme. Les projections font que d’ici là, nous aurons le climat Nantais, et puis celui du Rhône et du Bordelais d'ici la fin du siècle. Notre région à donc un avenir, mais ceux du sud ? 

Mais pour l’instant, profitons des vins de notre région et dégustons en cette période de fête un vin aux bulles très agréables, de proximité et fait avec passion Martin Ebersbach. Rien de mieux en cette période et pour le clin d’oeil que “Le vignoble des Vœux” finalement ! 

Léandre Leber
Crédit photos : Elie Leber

Vous pouvez retrouver les vins chez Planchon (rue St Fuscien), Martigny et Tables et Saveurs à Amiens.